L’histoire du cinéma en Guinée-Conakry.
Les productions cinématographiques des cinéastes guinéens sur maintes facettes des réalités
socioculturelles diversifiées depuis la période coloniale constituent indubitablement une
source importante pour assouvir la soif de quête identitaire des générations actuelles et futures. Des pans entiers de
la mémoire de ce pays se trouvent en partie dans les Archives audiovisuelles, mais
demeurent dans l‘oubli voire ignorées car marquées du sceau de l’invisibilité. Or le cinéma guinéen occupe une place de choix
dans l’histoire des cinémas d’Afrique subsaharienne ,
nonobstant les difficultés
structurelles qu’il rencontre aujourd’hui. Il figure parmi les pionniers et a été à l’avant-garde
pour prendre des initiatives audacieuses dans la valorisation du patrimoine
culturel africain par les images.
En effet dès 1953, Mamadou Touré, pionnier du cinéma africain , a réalisé le court métrage de 23 minutes, Mouramani considéré comme le tout premier film africain avant Afrique
sur Seine en 1957 de Paulin Soumanou Vieyra. Ces productions ont constitué un véritable défi quand on se représente le contexte du cinéma colonial
qui a été une vaste
entreprise de négation des cultures et
civilisations africaines et de légitimation de
l’expansion coloniale présentée comme une « mission
civilisatrice ».
Le cinéma guinéen prend véritablement son envol à la période consécutive à la
proclamation de l’indépendance avec la création en 1967
du Syli-cinéma, qui fait office de Centre
national de cinéma. Le jeune Etat guinéen dans sa politique nationaliste de promotion des
cultures du pays, ambitionne de développer le
cinéma par la formation des cadres et techniciens des
métiers du cinéma. De nombreux cinéastes, réalisateurs et techniciens des prises de vue et de
son ont pu accéder à des formations professionnelles dans des écoles principalement de pays d’Europe de l’Est (Bulgarie, Pologne, Yougoslavie), en ex URSS
et également en France et aux Etats-Unis. Une des
figures de proue du cinéma guinéen est Moussa Kémoko Diakité auteur de nombreux documentaires et du premier long-métrage, une comédie musicale Naïtou. Citons également parmi
les doyens Barry Sekou Oumar qui a réalisé le film Et
vint la liberté.
Cette génération pionnière des cinéastes qui a traversé les années 1960 et 1970 recèle de connaissances iconographiques des sociétés guinéennes que nous
envisageons de mettre en exergue par leurs témoignages mais aussi avec les images d’Archives de leurs films. Les regards des cinéastes des générations postérieures et actuelles nous
interpellent également.
Notre projet de film se
structure aussi autour de la mise à jour des archives audiovisuelles de la Guinée dispersées et
malheureusement détruites dans certains cas.
Il s’inscrit dans ce devoir de mémoire pour la transmission de l’histoire et de construction d’une pleine citoyenneté avec de solides repères du passé. « Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un
peuple sans mémoire est un peuple sans
avenir »(cf Ferdinand Foch ; Maréchal de France).
Et comme le dit la
sagesse des griots mandingues :
« Le monde est vieux,
mais l’avenir sort du passé ».